La légende de Noar

La légende de Noar

Chapitre 5


Chapitre 5

Chapitre V

 

 

 

J’enlève mes accessoires et ma tenue puis enfile un t-shirt gris avec un col en V et un jogging noirs en coton incroyablement confortable. Je me sens beaucoup plus libre à présent. J’arrive même à oublier pendant quelques secondes l’affreuse peinture dans le salon. Je peux enfin porter des habits moins carnavalesques et me libérer de la cage dans laquelle mon esprit est enfermé. Mon esprit ; il est encore tourmenté par une question qui l’assaille. Pourquoi le sang de Marks a-t-il servi de peinture à cette horreur ?

Le président Snow cherche encore à me déstabiliser c’est certain mais je ne comprends pas comment le sang de mon mentor a atterri sur cette toile blanche.

Je m’assois sur le lit de mon appartement et entreprends de me vider la tête en observant ma chambre plus attentivement. Elle est très spacieuse, une grande baie vitrée me laisse apercevoir les gratte-ciels s’élevant au dessus des nuages et les néons publicitaires illuminant la ville. Sur la table de chevet est posée une télécommande.

Je la prends dans mes mains et appuie sur plusieurs boutons tactiles au hasard. Une trappe s’ouvre au plafond et deux pinces descendent un plateau repas composé d’une multitude de verrines et de petits canapés. Le plateau repas est posé sur le lit et j’entreprends immédiatement de gouter une verrine à deux couches, une blanche et l’autre rose. Je porte une cuillère en argent à ma bouche et savoure la douceur de ce met. Je déguste ainsi d’autres petits friands aux fromages et canapés à la sauce tomate et au fromage de chèvre je crois. Je ne suis pas sur, je n’en ai gouté qu’une fois, lors d’un Noël où ma mère avait acheté du fromage qu’on avait tartiné sur des tranches de pain sec.

J’entends cogner à la porte. C’est Ilda qui me crie de venir dans le salon pour une mise au point de la journée qui nous attend demain. Iris est déjà dans le salon avec Marks, ils discutent de la parade de tout à l’heure. Je les salut d’un petit signe de la main et m’assois sur le divan.

-Bien maintenant que tu es présent Shelk, j’aimerai vous parler du programme de demain, commence notre mentor, vous me rejoindrez à neuf heures dans la salle à manger pour le petit déjeuner. Ensuite vous vous préparerez afin d’être à dix heures au centre d’entrainement. Vous prendrez l’ascenseur tout seul, je souhaite que les autres tributs vous voient comme des grands et non comme des petits oisillons sortants à peine du nid. Le centre se situe au niveau moins deux mais ne vous en faites Ilda se chargera d’appuyer sur le bon bouton à votre place.

-C’est compris. Tu as une idée par quoi on devrait commencer.

-J’allais te poser la question Shelk. Je préfère que se soit directement vous qui me proposiez la stratégie à adopter. Je validerai ou non votre choix.

-On pourrait commencer par les ateliers de découvertes des plantes comestibles. Propose Iris.

-C’est une bonne idée effectivement. Partez la dessus pour demain matin et surtout montrez que vous êtes une équipe. As-tu une idée pour les ateliers de demain après-midi Shelk ?

-Je pourrai m’entrainer avec des armes, le lancer de couteaux par exemples ou le combat à la hache pour que les carrières sachent que je pourrais nous défendre en cas d’attaque. Dis-je.

-Ça ne servira à rien Shelk. Si les carrières se lancent à votre poursuite, et croyiez moi ils le feront si tu te fais trop remarquer aux entrainements, vous ne pourrez pas vous défendre à deux contre uns. Ce qui m’amène à ceci.

Il prend un gros dossier à ses pieds qu’il pose d’un bruit sourd sur la table. Il ouvre le dossier et nous pouvons voir l’inscription : « Lukas Zhahazda-krowi Tribut Male District I »

Toute une étude sur le cas de ce tribut est rédigée sur une grande feuille plastifiée. J’informe ma sœur que c’est le tribut du un qui avait crié qu’il n’aurait pas de pitié à la moisson. Iris frissonne je pose ma main gauche sur son épaule pour la calmer. Marks tourne les pages une par une laissant défiler le cas de chaque tribut.

-Je veux que vous étudiez ensemble le cas de chaque tribut de chaque district sans exception et que vous classiez dans le tableau de la fin du dossier les tributs qui vous paraissent être une menace, ce qui ne le sont à priori pas et ceux que vous penseriez qu’il feraient de bons alliés.

-Tu veux qu’on trouve des alliés ? Demande Iris.

-Ma grande tu fais ce que tu veux mais si vous voulez vous en sortir je vous le conseil vivement. Choisissez vos alliés en fonction de leurs atouts mais aussi du district d’où ils viennent. Par exemple ne choisissez pas comme allié un tribut du cinq qui à travaillé dans une usine depuis on plus jeune âge. Concentrez vous plutôt sur les districts quatre, si ils ne sont pas déjà avec les carrières ce qui ne m’étonnerai pas, les districts huit et onze pour respectivement le textile et la connaissance des plantes comestibles. On ne sait jamais, des fois qu’il y ait des moutons où d’autres animaux de ce genre, un tribut sachant vous coudre des couvertures peut être utile.

-Tu nous suggères de nous servir d’autres enfants innocents comme nous afin que l’on puisse se réchauffer et qu’on doive les trahir après ? Explose Iris.

Marks se lève d’un bond, l’attrape par le bras et la plaque contre le mur. Elle se débat de toutes ses forces mais il la tient si fermement qu’elle commence à suffoquer. Je me jette sur mon mentor mais il m’envoi valser sur le sol, ma tête se cognant contre le pied de la table basse. Je suis étourdie mais j’entends tout de même les paroles de mon mentor qu’il lance au visage de ma sœur. Il lui crie que c’est le prix à payer pour ester en vie, qu’il faut savoir faire des sacrifices et que s’il est aussi violent c’est parce qu’il porte encore la trace des choix qu’il a du faire dans l’arène lors des trente-quatrièmes Hunger Games. Il l’informe finalement que c’est pour nous faire comprendre l’importance du désir et de la volonté de rester en vie dans l’arène. Il ne suffit pas de vouloir gagner, il faut s’en donner les moyens peut importe le prix à payer lui dit-il sur un ton froid. Marks relâche Iris et la porte dans ses bras jusque sur son lit en lui disant de se reposer. Lorsqu’il ferme la porte coulissante je le serre dans mes bras comme si s’était un frère. Je lui en veux un peu d’avoir agit de cette façon mais je dois néanmoins admettre que son plan à marcher à merveille. J’ai réellement pris conscience de la nécessité de faire confiance à mon mentor.  C’est vraiment quelqu’un d’admirable. Je repense aux horreurs qu’il a du endurer pendant les jeux et après les jeux. Soudain le tableau couvert de sang réapparait dans mes pensées. Je me détache du corps de mon mentor et le regarde dans ses yeux verts émeraude.

-Marks, je peux te parler un instant ?

Il me répond qu’il est tout à fait prêt à m’écouter et nous nous dirigeons dans ma chambre pour être plus à l’aise. Nous nous asseyons sur mon lit.

-Je voulais te parler de cette peinture dans le salon, celle peinte avec du sang, celle avec ton nom inscrit en bas. Est-ce que je peux savoir ce qui s’est passé ?

Marks se refroidit instantanément. C’est tout moi ce manque de tact ! Quel idiot j’ai été de lui dire ça d’un coup sans même savoir si ce n’était pas trop indiscret où même si il voulait bien en discuter avec moi. « Et les bonnes manières » me rappellerait Ilda si elle était présente.

Marks inspire un grand coup et commence à me raconter son histoire. Il m’explique que lorsqu’un tribut gagne les Hunger Games, il n’en sort pas indemne, tout d’abord, pour devenir vainqueur le tribut a du tuer des innocents. Ça nous détruit psychologiquement et physiquement affirme-t-il. Certains vainqueurs sombrent dans l’alcool, d’autres dans la drogue. Ensuite afin d’achever les vainqueurs, le Président Snow demande leurs demande de vendre leur corps aux élites du Capitole. Si le vainqueur refuse, un de ses proches est exécuté. Snow reformule son souhait et si la réponse et la même, un autre proche est assassiné. Cette démarche continue jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne dans l’entourage du gagnant des jeux. Le Président s’amuse alors à le torturer, l’électrocutant ou lui entaillant les veines selon ses désirs. Il monte la manche de son suet gris clair et laisse apparaitre de larges cicatrices au niveau des poignets. J’étouffe un cri d’horreur et de stupéfaction devant ces entailles violacées contrastants avec sa peau mate. Marks continue son récit. D’après lui, lorsque le vainqueur, qui n’a plus rien d’un vainqueur à ce moment là, est devenu trop faible, le Président lui fait signer un contrat l’impliquant jusqu’à ces cinquante ans à se prostituer pour les femmes du Capitole.

-C’est ce qui s’est passé pour toi n’est-ce pas ? Je demande.

-C’est exact Shelk, aucun vainqueur n’y échappe. Pourquoi crois-tu que les vainqueurs sont tous des modèles de beautés et que les sponsors sont attirés par le style et la magnificence de certains tributs ?

-Parce qu’ils savent que ces derniers leurs appartiendrons en cas de victoire…dis-je d’un souffle, effaré. Mais pourquoi ton sang est-il sur cette peinture, je ne comprends pas…

-Le sang vient surement d’une de mes nombreuses séances de tortures. La vérité Shelk, c’est que Snow veut te déstabiliser en t’obligeant à te poser des questions et moi à y répondre. Tu n’aurais jamais du savoir ça, car je peux t’assurer que je préférerai être mort plutôt qu’avoir vécu ça et c’est exactement ce que Snow voulait te faire savoir en te montrant le tableau, il voulait que tu renonces à te battre.

Je ne le dis pas à haute voix mais je sens que ça à fonctionné, je n’ai plus qu’une idée en tête maintenant, m’enfuir à tous prix. Malgré le fait que Marks me dise qu’il faut tout de même que je gagne les Hunger Games afin d’être présent pour ma famille je ne pense qu’à une chose, m’enfuir. Il renchérit en me disant que si j’accepte ensuite la requête du président Snow, je ferrai au moins vivre ma famille dans le luxe et que comme lui, je pourrai aider les plus pauvres du district avec mon argent.

-Ne fais pas les mêmes erreurs que moi mon grand, si jamais tu gagnes, pense à ta famille qui aura besoin de toi et n’essaie pas de résister face au Président Snow car après tu n’aura plus rien pour te soutenir.

J’acquiesce d’un signe de tête du haut vers le bas et demande à Marks de sortir. Il me demande si je viendrai diner ce soir, je lui réponds que je vais me coucher directement. 

 

Le centre d’entrainement est plus grand que ce que je croyais. Il est composé de différents ateliers, de survie comme de combat à distance ou rapproché. Une plateforme pour le haut juge et les autres juges est installée en auteur, enfoncée dans le mur. Un énorme buffet est préparé à leur intention et beaucoup grignotent déjà en regardant deux tributs se battre contre des experts en combat à l’épée. Ce sont les tributs du district deux, le garçon semble plus hardi et technique que la fille. Néanmoins elle me parait être une adversaire tout à fait redoutable avec ses cheveux noirs et son regard emplit de fureur puisqu’elle vient de se faire désarmer par l’expert. Pourtant je pense pouvoir affirmer que ce regard froid et menaçant est le seul qu’elle puisse montrer. Je constate qu’Iris et moi sommes le deuxième duo de tributs à être arrivé, les premiers étant les tributs du district deux. Nous sommes habillés à l’identique, le numéro de notre district est imprimé dans le dos de notre t-shirt noir. Nous commençons par faire le tour du centre. Nous ne risquons pas de nous perdre, nous n’avons qu’à marcher autour d’un imposant pilier que l’on peut, il me semble, escalader. Je remarque certains ateliers intéressants tels que celui de tir à l’arc et celui des plantes médicinales. A côté de ce dernier se trouve un atelier pour apprendre à faire du feu. Je propose à Iris de commencer par cet atelier et continuer la matinée sur son voisin. Elle acquiesce vivement, il est clair que c’est exactement ce que nous a demandé de faire Marks.

Les autres tributs sont à présent arrivés. Un grand homme de plus de deux mètres nous demande de venir former un cercle autour de lui. Nous sommes à présent vingt-quatre autour d’un seul homme qui pourrait tous nous tuer en quelques instants s’il le voulait. Cet homme, Christian, regarde chacun d’entre nous dans le blanc des yeux avant de conclure que nous sommes absolument tous apeurés, tous à un degré différent il est vrai mais apeurés tout de même. Christian en déduit que ce gymnase est donc fait pour nous apprendre à tous à surmonter nos peurs. Il précise tout de même que plus d’un tiers des tributs périront de morts naturelles soit de déshydratation ou par poison pour la plupart. Il ne faut donc pas négliger les exercices liés à l’art de la survie. Christian rappelle enfin que les combats qu’ils soient rapprochés ou à distance sont strictement interdits entre deux tributs. Il faut se battre contre les instructeurs ou les experts employé à cet insu.

 Iris se dresse sur la pointe des pieds et me souffle à l’oreille :

-Je compte bien me battre et cette brute ne m’arrêtera pas.

Pour la première fois depuis la moisson, un vrai sourire se dessine sur mon visage. Ma sœur est vraiment incroyable.

-Commençons d’abord par apprendre à faire du feu.

L’instructeur ravi d’avoir des élèves nous accueille à bras ouverts.

Il nous explique les différentes techniques pour allumer un feu et nous donne ensuite le matériel nécessaire. Une simple planche de bois, des brindilles sèches et un bout de bois d’une longueur de quarante centimètre. J’installe les brindilles autour de la planche et commence à frotter le morceau de bois contre mes mains en descendant mes mains vers le bas du bâton au fur et à mesure de la friction. Au bout d’une quinzaine de minutes, j’ai les mains en sang mais de la fumée commence à s’échapper du petit trou creusé par le bâton dans la planche. De petites étincelles chaudes se propagent sur les brindilles et mon feu commence à s’attiser. Je souffle pour que ce dernier ce propage puis je retire la planchette, place des pierres autour de mon feu et interpelle l’instructeur. Il me félicite pour mon travail et part s’occuper de la fille du district trois qui vient d’arriver. Elle est frêle et doit avoir environ dix-sept ans. Une frange lui cache les yeux m’empêchant de connaitre vraiment l’expression de son visage. J’observe ensuite Iris, elle n’arrive pas encore à démarrer son feu avec ses silex mais je sais que ça viendra. J’essaie de former un autre feu avec un bout de métal. Il me faut une bonne demi-heure pour y arriver. Presque au même moment Iris finit de préparer son feu. Nous nous dirigeons ensuite vers l’atelier voisin où nous passons le reste de la matinée. Avec Iris, nous avons réussis à répondre à presque toutes les questions de l’instructeur. Je suis globalement satisfait de ma première matinée. En me dirigeant vers le self je demande à ma sœur si elle a des idées pour la question des alliés. Le garçon du district onze avait l’air bien me dit elle, il était avec nous à l’atelier d’herboristerie.  Je lui propose d’aller manger avec lui et sa partenaire.  On leur propose et c’est avec joie qu’ils acceptent. Nous faisons connaissance. Le garçon se nomme Djale, il a seize ans, la peau très foncée et les cheveux bruns coupés très courts. Ses yeux sont de la même couleur que les miens tout comme sa taille. Je lui demande s’il a des qualités utiles dans l’arène. Il me répond, le sourire aux lèvres :

-Tu n’a qu’à regarder cette masse de muscle sous mon t-shirt. Plaisante-il. Je suis l’un des plus rapides de mon district, je suis arrivé premier à la course du deux-cent mètres qui est organisée une fois par ans dans mon district. Je suis très souple aussi et je sais grimper aux arbres.

-Pareil. S’exclame Iris. Mais Shelk est encore plus fort, il monte même sur les séquoias de l’autre côté du district. Il sait aussi magner la hache !

Je lui lance un regard assassin. Elle a crié si fort que se doit être un miracle que les autres tributs ne m’aient pas entendus. Malheureusement ils se sont tous retournés.

-Je sais me battre avec une faux. Réplique Djale. Mon district est celui de l’agriculture alors lors des moissons céréalières, je m’entrainais à couper le blé le plus vite et le plus proprement possible.

Nous continuons de discuter de la parade et des ateliers auquel chacun compte passer. Je leur propose que nous restions tous les quatre ensembles. La fille qui se nomme Ingrid est très réservée. Sa timidité la contraint à nous informer qu’elle ne veut pas se lier d’amitié avec qui que se soit. Elle sort de la cantine après nous avoir clairement annoncé qu’elle resterait seule.

Je débute l’après midi par un exercice de lancer de couteau. Il y a une longue queue devant le stand. Au moins dix tributs y sont rassemblés. Devant moi se trouve ma sœur. Je la vois regarder la cible de droite mais lorsqu’elle lance son premier couteau, la surprise est générale. Le poignard s’est planté en plein cœur de la cible de gauche.

Je regarde du côté des juges, ils se sont tous levés et scrutent Iris avec attention. J’ai peur qu’elle soit déstabilisée par ce surplus d’attention mais je me rends compte que je n’avais pas à m’en faire lorsqu’elle lance trois couteaux les uns après les autres. Ils se logent tous au centre des cibles. Les juges applaudissent, les carrières décident de partir, fous de rages. Iris demande ensuite à l’instructeur de lui poster une cible dix mètres plus loin. À quinze mètre. Son premier couteau s’enfonce dans le cercle périphérique de la cible. Je pense qu’elle manque de force. Elle doit le remarquer aussi car elle se met à lever le bras et à tirer d’autres poignards pendant encore dix minutes, tous se logeant au cœur ou presque de la cible. Elle me laisse la place. Je tire plusieurs poignards à cinq mètres. Au départ aucun ne se fige dans la cible. Au bout d’un quart d’heure, seulement quatre poignards se sont plantés dans la cible. Une alarme retentie pour m’avertir que le temps imparti à l’exercice est fini. Je dois laisser la place à la fille du cinq  qui se trouve derrière moi.

Je rejoins Iris et Djale qui était allé à l’atelier des nœuds. Nous y passons le reste de l’après midi. J’apprends à réaliser un piège qui suspend l’adversaire la tête en bas. Vers dix-huit heures, nous retournons à l’ascenseur et remontons à notre appartement.

Je pars directement me doucher. En sortant de la douche je passe ma main dans les cheveux ce qui leur donnent un effet décoiffé.  J’enfile un peignoir et reste allongé sur mon lit à réfléchir à un moyen de m’enfuir. Il est vrai que je n’y ai pas vraiment pensé aujourd’hui. Je songe à détruire la baie vitrée de ma chambre mais je réalise que je suis au septième étage. Etant donné que je n’ai pas d’autres options en vue, je décide de rejoindre Iris pour étudier les premières pages du dossier sur les tributs. Avant cela, je m’habille d’un pantalon beige et d’un suet à capuche vert. Je ne veux pas des vêtements trop sophistiqué du Capitole, je préfère la simplicité. J’ai l’impression que ce n’est pas le cas D’Iris. Elle est vêtue d’une jupe bleu marine et d’un chemisier blanc en dentelle au niveau des épaules. Ses ongles sont vernis en bleu ciel et elle porte un collier de perles ainsi que la bague de notre grand-mère. Ses cheveux blonds et ondulés retombent sur ses épaules. Je me sens ridicule avec mon suet et mes cheveux ébouriffés. Elle est en train d’étudier le dossier.

-Très chique. Dis-je pour lui signaler ma présence.

Elle lève la tête. Je me perds dans ses yeux plus bleus que le fin fond de l’océan. J’y vois la mer, infinie. Un oiseau blanc s’envole vers le large. J’y vois la liberté. Alors pourquoi ma sœur qui n’a que treize ans ne pourrait-elle pas être cet oiseau ? Cette idée ne fait que renforcer mon projet de fuite.

-Tu n’es pas mal non plus. Réplique-t-elle avant d’exploser de rire. C’est ce rire la, tonitruant, éclatant et surtout joyeux que je veux libérer. J’aimerai entendre ce rire jusqu’à la nuit des temps.

-Ça avance la recherche sur les autres tributs ? Je demande.

-Je n’ai fais que feuilleter le dossier. Je te conseil de faire de même pendant que je mangerai du foie gras. Fainéant !

-Comment ça du foie gras ?

-Je vais commander du foie gras pendant que tu vas explorer le dossier. Ensuite on étudiera les tributs des districts un à trois. Les jeux  commenceront dans cinq jours il faudra donc qu’on étudie trois districts par jours pendant quatre jours, le dernier jour étant réservé aux interviews et à la préparation.

-Ça marche. Dis, je pourrais avoir du foie gras ?

-Non tu n’avais qu’à venir avant. 

Je lui lance un regard assassin mais nous savons tout les deux que je plaisante. Je feuillette le dossier, il comporte vingt-deux fiches car il n’y a pas les nôtres. Une fiche comporte le nom du tribut, une photo de lui, le numéro de son district, son âge, ces conditions familiales et par conséquent ses ambitions. Je peux lire par exemple que le garçon du district six à huit frères et sœurs. Je peux donc supposer qu’il veuille revenir pour rendre sa famille riche et la revoir bien entendu. Il est aussi décrit l’attitude du tribut lors de la moisson. La fille du neuf comme le garçon du douze ont pleurés. Il est aussi écrit les derniers mots de l’enfant en public à la moisson. D’autres informations complémentaires telles que les impressions faites à la parade sont présentes en bas de page.

J’entends toquer à la porte. Iris va ouvrir, c’est Ilda qui nous informe que le diner est servi. Iris chausse de sandales argentées tandis que je vais enfiler des chaussures de sport dans ma chambre.

Le diner est fantastique, l’entrée est composée d’une soupe orangée avec du fromage et une sorte de crèmes sucrée par-dessus. C’est extrêmement bon. A peine ai-je finis mon entrée qu’un domestique reprend mon bol pour me ramener mon plat de résistance.

-Qu’est-ce-que c’est ? Je demande.

Ilda tape la table avec sa serviette d’un coup sec.

-Shelk cesse d’être aussi malpoli à table !, cri-t-elle d’une voie aigue qui se voudrait menaçante. C’est un muet ! Tu n’a pas le droit de leur parler ! 

-Il ne risque pas de lui répondre alors. Se risque Iris.

Ilda lui adresse un regard noir puis agite sa main d’une façon légèrement incontrôlée. Cela devait être pour que le muet s’en aille car à peine a-t-elle finit de mimer le battement d’aile d’un oiseau que le muet sort de l’appartement.

-Du faisan caramélisé dans une sauce aigre douce sur son lit de pois cassés. Me répond Ilda sur un ton exaspéré. Il faut que tu apprennes à reconnaitre les bonnes choses Shelk.

L’intonation de sa voix m’énerve. Je lui réplique d’un ton cinglant :

-Pour moi c’est juste du poulet avec des petits pois madame la duchesse des bonnes manières !

Je pense que je l’ai profondément vexée car elle sort de la pièce en courant, se taponnant les paupières pour ne pas pleurer.

Nous mangeons le reste du repas puis le dessert en silence. Iris a un sourire en coin, comme si elle essayait de ne pas rire et Marks semble très contrarié. Je me demande ce qui ne va pas. D’habitude il est toujours en train de chercher des noises à Ilda et lorsque l’humiliation l’atteint enfin, il semble malheureux tel un arbre perdant ses feuilles en hiver. C’est alors que je réalise que j’ai été complètement idiot de lui dire ça. C’est notre hôtesse, en l’occurrence Ilda, qui a pour responsabilité de nous trouver des sponsors. Si je l’humilie, que va-t-elle faire ? Nous  soutiendra-t-elle ou nous laissera-t-elle pourrir dans l’arène sans rien faire ? J’ai peur qu’elle choisisse la seconde solution, juste pour se venger de l’avoir injurié. Après quelques minutes de réflexion, j’en viens à me dire qu’elle fera tout pour m’aider ainsi qu’Iris. Elle pourra comme cela être promue dans un meilleur district. Ce serait l’apogée pour elle si un de ses tributs gagnait.

Les réponses à mes questions arrivent en même temps qu’Ilda qui revient avec une pile de magazines. Je ne vois pas trop à quoi toute cette pile sert avant qu’elle ne brandisse une couverture d’une revue où l’on peut lire : « L’apogée du district sept le soir de la parade ».

-Vous rendez-vous compte ! Depuis le commencement des premiers Hunger Games, jamais le district sept n’avait été en première page des magazines ! Et pas que sur celui-ci ! Il y a aussi Capitole-people, Star Games et District mais aussi Aréna ou encore Sponsors. Tout le monde ne parle que de vous deux…mes chéris ! S’écrie-t-elle, folle de joie. Ils proclament même déjà le district sept comme le vainqueur du concours des districts noté sur la production le classement des tributs lors des jeux et le nombre de persécutions.

Je vois qu’elle a l’air d’avoir laissé de côté l’incident de tout à l’heure. Je m’en réjouis.

Après le repas, nous étudions le dossier, Iris et moi. Le tribut masculin du district un se nomme Lukas, il est âgé de dix-huit ans et considère les Hunger Games comme un honneur et non comme une punition. Sur la photo, on peut le voir blonds avec les yeux bleus ne cachant pas pour autans son regard assassin. Il porte aussi une cicatrice au niveau de la lèvre supérieur. La fille du un de seize ans se nomme Esméralda. Elle est rousse, et sa peau est extrêmement blanche. Son visage est parfait. Aucun bouton, pas même un grain de beauté ne vient sculpter sa peau lisse. Elle parait sympathique. Un piège dans lequel il ne faut pas tomber. Le dossier la décrit comme une menthe religieuse. Elle attire ses victimes par sa beauté et sa pureté avant de les décapiter de son sabre. C’est apparemment elle-même qui l’a dit lors d’une courte interview dans son train. Les deux autres tributs de carrières se ressemblent étrangement. Ils ont les mêmes cheveux noirs de la couleur du charbon et les dents blanches ornant leurs bouches d’un sourire carnassier. Ils ont respectivement dix-sept ans pour le garçon du nom de Helkur et dix-huit ans pour la fille qui se prénomme Olvëane. Enfin les tributs du trois n’ont pas l’air d’être une menace. La fille est celle que j’ai vu à l’atelier de préparation des feux de camps. Elle a dix-sept ans et est très timide. Le garçon a quatorze ans. Il a les cheveux bruns et bouclés. Il porte des lunettes. Lorsque j’apprends qu’il s’est porté volontaire pour son ami en fauteuil roulant, je décide de ne jamais en faire mon allié. Jamais je ne pourrai tuer ce garçon au cœur si généreux.

Les jours se succèdent, je m’entraine au tir à l’arc et au saut d’obstacle. Je retourne une fois à l’atelier des collets et des nœuds. Chaque soir, Iris et moi étudions le cas de six tributs avant d’aller manger. Au final, au bout de trois jours d’entrainement. Nous avons définitivement choisis nos alliés. Nous prendrons Djale et Cameron, la fille du douze qui a sympathisé avec Iris au stand de camouflage. Apparemment, elle saurait utiliser les différentes nuances de gris foncés et de noir couleur charbon afin de se camoufler dans des rochers.

Je suis allongé sur mon lit. Je viens de manger, le repas était délicieux comme à son habitude. Je réfléchis encore à un moyen de m’évader. Pour ce faire, je décide de commander un jus de fruits au gout  des agrumes . Lorsque la trappe dans le plafond s’ouvre pour m’apporter la boisson, un détail attire mon attention. Les pinces métalliques détiennent mon jus afin de le poser sur la table de chevet. Ces pinces ressemblent en touts points à celles qui sortent des over-krafts pour récupérer les corps dans l’arène. Celles qui remontent les tributs décédés vers la sortie de l’arène. Une idée illumine mon esprit. Je m’accroche aux pinces et me laisse tirer vers le haut. La trappe se referme en dessous de moi et je me retrouve à quatre pattes dans un conduit circulaire et en légère pente de un mètre de diamètre. Des rails sont fixés au sol du conduit. J’imagine qu’ils servent à transporter le plat commandé des cuisines vers la chambre du tribut. Sans me poser plus de questions je m’enfonce dans les ténèbres de ce dédale de tuyaux infinis.

 

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07/12/2014
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